Renier Jean-Simon
Écrit par Jena Braseur   
Mercredi, 28 Novembre 2007 07:41
Quand Jean-Simon Renier faisait la Une des gazettes…

Jean-Simon Renier, c’est qui ?

La réponse n’est pas évidente même s’il est, à Verviers, une rue Renier et un monument qui porte son nom.

Arrêtons-nous un bref instant devant le monument Renier dressé dans le parc Fabiola, en face du Grand-Théâtre de Verviers. Il s’agit d’un buste en bronze inauguré en 1930 pour le centenaire de l’indépendance de la Belgique. On peut lire J.S. Renier 1818-1907. Peintre. Historiographe. Fondateur du musée communal.

Il y a donc cent ans mourait (le 15 février, au sana Sainte-Elisabeth de Heusy où il avait été hospitalisé pour une pneumonie avancée) un des bienfaiteurs de Verviers qui eut la Une des gazettes régionales il y a une quarantaine d’années.

 

 


 

 

  Georges Gilon, l’ancien chef du protocole de la Ville, se souvient de ce fait divers amusant qui marqua les esprits peu de temps après l’ouverture au public du parc Fabiola agrandi. « Nous étions déjà installés à la maison du tourisme de la rue Xhavée, raconte Georges Gilon. Un beau matin, je crois que c’était en septembre, un employé de l’office constate que le buste de Renier a quitté son socle. On prévient immédiatement la police et des fouilles s’organisent. On inspecte tous les recoins du parc avec une visite approfondie du block encore usité à l’époque, c'est-à-dire aux débuts des années 70, par la SNCB. Même les deux tunnels sont passés au peigne fin mais on ne découvre aucune trace du buste dressé à la mémoire du fondateur de notre musée communal ».

 

  L’opinion publique s’émeut. Dans les journaux, la disparition du bronze est largement commentée. Les journalistes enquêtent sur le terrain, dressent un portrait flatteur du savant verviétois qui, du jour au lendemain, devient le personnage dont on parle. Il y a même des encarts rédactionnels du genre Avis de recherche annonçant des jeux de pistes des mouvements de jeunesse lancés sur les traces d’un mystérieux voleur.

 

« A ma connaissance, le doute a perduré pendant cinq à six jours, ajoute l’ancien responsable du tourisme au pays de la laine. Et puis, inopinément, on a vu le buste de Renier replacé sur son socle sans aucun message d’accompagnement. Aujourd’hui, on ne sait toujours pas qui a volé Renier. Un pari, disent certains. Une bonne blague d’étudiants, pour les autres. Une chose est sûre : la disparition momentanée du bronze a donné du volume au personnage Renier et, par ricochet, au musée des Beaux Arts aménagé dans la rue qui porte son nom ».

 

  Jean-Simon Renier  refait parler de lui en 1984 lors du centième anniversaire de l’inauguration du musée de Verviers. Il y a une grande exposition des œuvres du fondateur et un vibrant hommage rendu à ce célibataire endurci qui parvient à entrer, à l’âge de 20 ans, à l’Académie des Beaux-arts de Liège dirigée alors par le Verviétois Barthélemy Vieillevoye.

 

  Ce fils d’une mercière et d’un porteur de petits colis a la chance de se former à Paris grâce à une bourse offerte par la Province de Liège avant de passer cinq longues années à Rome via l’octroi de la bourse d’Archis le domiciliant au 17 de la Via Marçutta.

 

  Mais Jean-Simon n’est pas que peintre. Professeur de dessin, il s’adonne aussi à l’archéologie et à l’histoire locale. Il préside d’ailleurs la Société verviétois d’archéologie et d’histoire fondée en 1897. Son œuvre capitale reste, bien sûr, la création d’un musée à Verviers. Son rêve se réalise en 1884, il vient d’avoir 66 ans, quand la Commission des Hospices achète le couvent des Sœurs franciscaines à Andrimont et y transfère les pensionnaires hébergés dans le bâtiment du pont d’al Cute, l’hospice des vîlès djins gratifié à l’époque d’Hôpital nouveau.

 

  Renier, le premier conservateur, est aussi le fournisseur principal du musée. Il le reste vingt ans. Et quand il disparaît, le 15 février 1907, une foule considérable l’accompagne vers sa dernière demeure au cimetière de Verviers, des bourgeois, des notables mais aussi des ouvriers et des pauvres qui pleurent un homme d’une inaltérable bonté et d’une exquise politesse, la figure la plus populaire de Verviers il y a un siècle.                                                                                                        

 

 

 

Le marbre blanc de Vivroux

 

C’est en présence du conservateur bénévole, un Jean-Simon Renier épanoui, qu’eut lieu le 10 août 1884 l’inauguration du musée communal de Verviers aménagé, sans grands frais, dans l’ancien hôpital des vieux du pont d’Al Cute.

 

D’après les chroniqueurs de l’époque, la cérémonie est grandiose. Les grands de Verviers sont tous présents pour exprimer leurs sentiments d’admiration et de reconnaissance au généreux donateur qui livre tous ses trésors à la Ville.

 

Le bourgmestre Ortmans-Hauzeur prend possession des collections et remercie l’archéologue peintre et historien. L’apothéose de ce dimanche festif vient de l’intervention d’Ernest Gilon, le président du comité organisateur, qui adresse au fondateur un discours enflammé et lui offre son buste en marbre blanc, une œuvre de belle envolée due au talent du statuaire verviétois Clément Vivroux.

 

Ce buste est visible au centre du hall d’entrée du musée des Beaux-arts et de la Céramique, rue Renier. Il est le modèle qui a servi au bronze du parc Fabiola inauguré, lui, en 1930.

 

 

Dans l’ancien hospice des vieillards

 

L’ancien hospice des vieillards, siège du musée principal de Verviers, est un des plus vieux bâtiments de la ville. Cédé à Renier en 1884, qui devient conservateur sans rémunération, il est repris dans l’inventaire du patrimoine monumental de Belgique. Construit entre 1661 et 1663, il dispose aussi d’une chapelle ajoutée en 1721. On raconte que Renier y déposa en vrac les objets de sa collection dans un charmant désordre et, selon Pirenne, il fallut attendre sa mort en 1907 (une pneumonie avancée) pour voir se réaliser une profonde modernisation des lieux sur décision testamentaire d’un généreux donateur. Le musée sera inauguré une seconde fois le 3 septembre 1911. Quant aux pierres décorées de la façade, elles proviennent pour la plupart de l’ancienne église St-Remacle, explique Catherine Bauwens dans Le patrimoine verviétois de Freddy Joris et consorts.

 

 

 

VITE DIT

           

 

Le protégé du pape

 

Pendant les cinq ans passés à Rome, Jean-Simon Renier se rend à la grotte de Subiaco où vécut saint Benoît. Il reproduit en un album les fresques de tous âges qui s’y trouvent.

 

Le recueil est offert à Pie IX qui le fait imprimer. Le premier exemplaire de l’œuvre picturale du Verviétois est remis au Duc de Brabant.

 

Historien local

 

Le premier conservateur du musée communal est, aussi, un historien local qui n’arrête pas d’écrire. On lui doit plusieurs études sur des personnages, des lieux et des monuments de la région verviétoise dont l’histoire d’Andrimont et de l’ancienne commune des Croisiers, une description de la grotte de la Chantoire,  dite Trou des Sottais, une promenade dans le jardin de l’Harmonie ou encore une biographie de Henri-Joseph Debouche, premier curé de Dison.

 

Les écrits de Renier, dont une remarquable histoire du ban de Jalhay, sont conservés au musée.

 

Quinzaine chinoise

 

Les musées de Verviers sont trop modestes. Rejetés dans l’ombre après l’ouverture du centre de la laine et de la maison de l’eau, deux pôles en reconversion, ils bénéficient toutefois d’un cote artistique de haut niveau.

 

Ainsi, pendant une quinzaine chinoise organisée à Verviers, la conservatrice du musée des Beaux-arts a eu l’honneur de recevoir l’ambassade de Chine au grand complet venue admirer les statuettes chinoises du rez-de-chaussée et une exposition de robes organisée à l’étage.

 

Du coup, on parle de Verviers à Pékin.

 

Vieuxtemps et son premier violon

 

Les écoles de l’arrondissement fréquentent les musées. Rue des Raines, le grand salon a son petit succès ludique avec l’espace réservé à Henri Vieuxtemps, le célèbre violoniste et compositeur verviétois (1820-1881) peint, alors qu’il n’a que sept ans, par Vieillevoye et Renasteine. On admire aussi le premier violon de l’artiste, son buste-charge en plâtre, une couronne de lauriers en argent offerte par la ville de Marseille et un autre buste représentant son frère, Lucien, pianiste.

 

 


 

 

Musée d’archéologie et de folklore , gratuité le week-end

 

La gratuité de la visite des musées est offerte le week-end aux visiteurs des musées dont l’alternance de l’horaire implique une bonne dose d’organisation.

 

Sinon, il en coûte 2 euros pour un adulte et un euro pour les étudiants et les pensionnés. Les jeunes de moins de 12 ans ne paient pas un droit d’entrée. On peut se renseigner en téléphonant au 087/33 16 95. Les musées ont aussi une adresse électronique : Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir. .

 

Si, en 1884, la population verviétoise unanime saluait la création d’un musée communal, plaçant ainsi le Bradford belge parmi les grandes villes culturelles du royaume, la situation de nos musées en 2007 n’est pas vraiment emballante.

 

Les Beaux-arts, rue Renier, comptent pourtant parmi les plus complets de Belgique dans le domaine ciblé des céramiques. Les porcelaines chinoises et japonaises comportent des pièces exceptionnelles de grande valeur dont des statuettes blanches de l’époque T’ang (618-907) qui font l’admiration des connaisseurs.

 

Le musée est fier, aussi, de posséder un admirable primitif italien du XIVème siècle, une Vierge et l’enfant Jésus attribué longtemps à Orcagna mais reconnu, aujourd’hui, comme étant de l’école de Pietro Lorenzetti.

 

De part et d’autre du primitif italien figurent un saint Sébastien et un saint Antoine ermite de l’école mosane qui ne manquent pas de cachet.

 

Ceci pour la mise en appétit puisque l’ancien hôpital des bords de Vesdre offrent des salons thématiques à découvrir et, à l’étage, des sculptures ainsi qu’une salle réservée aux peintres du XIXème siècle, aux figuratifs contemporains sans oublier un nombre importants d’artistes du terroir groupés dans l’école intimiste verviétoise des Derchain, Le Brun, Pirenne, Gérard, Remy, Herve, Lejeune et Delcour.

 

 

L’autre musée, celui de l’archéologie et du folklore, est situé rue des Raines et installé dans une ancienne maison patricienne de style Louis XV. Ce bâtiment complète idéalement le premier et illustre, notamment, un de nos illustres citoyens puisque Henri-Antoine Jardon, général verviétois de la Révolution et de l’Empire, est bien présent par le biais de son célèbre chapeau à plumet tricolore et de son fusil à silex à répétition se chargeant par la culasse.

Le musée de la rue des Raines est périodiquement remis en question. On a même envisagé, voici quelques mois à peine, sa fermeture définitive afin de  libérer de l’espace pour l’installation d’un échevinat. Les pièces seraient alors remisées avant de retrouver une place ailleurs, dans l’hôtel de Biolley si sa restauration s’effectue comme promis. Aucune décision n’est prise actuellement et l’édilité communale semble écarter cette hypothèse.

 

Avantage, disait-on, de la restructuration : en déplaçant le personnel des Raines vers Renier, le musée des Beaux-arts pourrait alors être ouvert tous les jours de la semaine (sauf le lundi) alors que, aujourd’hui, on joue l’alternance : mardi et jeudi de 14 à 17 heures, le samedi de 9 à 12 heures et le dimanche de 10 à 13 heures pour l’archéologie et le folklore ; les lundi, mercredi et samedi de 14 à 17 heures et le dimanche de 15 à 18 heures aux Beaux-arts de la rue Renier.

 

Une alternance qui, il faut le reconnaître, freine pas mal d’élans… et pose problème chez ceux et celles qui, mal informés et venant de loin, trouvent porte close pour cause d’économies municipales.

                                                                                                                                                                                                                              

 

"Pour ma part, c'est bien volontiers que je participe à cette modeste démarche qui, je l'espère, pourra intéresser les plus jeunes qui ne connaissent rien du passé de leur ville"                                                            

                                                                                                                         Jean Brasseur   

 

 

Best of Verviers remercie vivement Jean Brasseur et le journal Le Jour-Verviers qui ne voient aucun inconvénient à ce que les papiers parus dans LE JOUR soient relayés sur www.bestofverviers.be.

 

Verviers au coeur de l'Eurégio, pro