Francofolies 21 juillet 2011 : De Folks Divine à Suarez et Calogero
Écrit par Best of Verviers   
Vendredi, 22 Juillet 2011 12:01

Seconde journée de ces Francos 2011 ! la météo est restée relativement clémente en ce jour de fête nationale belge.

Vivre les Francos, c’est aussi découvrir de nouveaux talents, Charles Gardier n'arrête pas de le répéter, à juste titre d'ailleurs. Le premier concert sur la scène Proximus en est la preuve. Folks Divine, lauréat du Franc’Off 2010, nous offre en ce début d’après-midi, un premier concert aux sonorités pop-rock vachement bien foutues, flanquées évidemment d’accents "folk".

Folks Divine 14H00 Scène Proximus
Le leader charismatique du groupe, David Folkmar, auteur, compositeur, interprète nous emmène pour des balades colorées et pleine de vie.
Dans une composition classique à 4, Folks Divine fait vibrer les premiers spectateurs présents au son de la voix chaude de David Folkman et de sa guitare acoustique.
Des petits drapeaux belges distribués partout par un grand quotidien nous rappellent qu’en ce jour de fête nationale, les couleurs noir-jaune-rouge restent un symbole prisé que les citoyens-spectateurs n’hésitent pas à brandir fièrement, même sans gouvernement. Folks Divine, eux, gouvernent le concert avec maestria.

 

Miam Monster Miam 15h15 Scène Proximus
Miam Monster Miam est le pseudonyme de Benjamin Schoos qui est le chanteur, mais aussi auteur, compositeur, producteur. Vous l'avez certainement déjà entendu en radio puisqu' entre 2003 et 2011, il fut chroniqueur radio et télé au Jeu des dictionnaires / la Télé infernale.

 Retrouvez toutes les photos artistiques de Jacques Clérin dans notre rubrique Best of Music 

Une « petite » drache nationale de circonstance, plutôt un crachin tombe sur Spa.

 

Pour ceux qui ne connaissent pas le groupe, il a de quoi surprendre. Par le côté visuel déjà !

Avec les Loved Drones, nous sommes directement plongés dans un univers teinté de rock électronique et de science-fiction.

 

 

Rien que pour le coup d'oeil : le trompettiste à deux têtes et deux cravates, le japonais guitariste style Ninja, un rien Kamikaze ?, le batteur énergique maquillé sur un demi-visage, à la basse sous sa cape noire et sa capuche un prince mystérieux tout droit sorti de la « Guerre des étoiles », sans oublier l'homme à la tête de lampe, prêt à vous opérer sur le champ dans son tablier blanc,...

 

Un univers décapant !


« J'aurai ta peau » pour un patron, un ami ou une femme qui vous fait chi... . Chanson  enregistrée à Londres et écrite avec Michel Moers du groupe Telex. « Parano », « When I was a Ninja », « Blues automatique » dans un style blues électro puis rap et plusieurs titres de leur nouvel album « La femme plastique » qui reprend 13 chanson intersidérales. Ces gars ont des planches et l'expérience de la scène. Ils ne se posent pas de questions ! Ca leur réussit réellement bien dans un style unique assurément.  

 


Bertrand Belin 15h15 Dôme Fortis
 Plusieurs personnes nous l'avait recommandé.  Ce sera « LE concert de l'après-midi ! ». Qui ça ? Bertrand Belin.  Pas un jeune premier, puisqu'il affiche 20 ans de carrière dans le monde de la musique.  Côté références,  il a notamment écrit pour Olivia Ruiz ou était sur scène  aux côtés de Bénabar.


Un pêcheur breton féru de poésie et de rockabilly ?

Il dira dans un interview : « j’ai un paysage musical tourné vers les années 50-60.

Depuis que je joue de la guitare, je joue des morceaux américains, quand j’étais ado je jouais des reprises de rockab des années 50, du Johnny Cash, Hank Williams. »


Fin 2010, le Breton sort un troisième album solo enregistré durant un an à Lorient, ville de son adolescence : Hypernuit. 

Qualifié d'étonnant, de poétique, d'apaisant !

Pas simple de définir le garçon et sa musique, c'est bien simple, il s'agit certainement d'un chanteur à ranger dans les inclassables et c'est tant mieux. 

 

Côté surprise et découverte, le public spadois a été servi mais a-t-il tout compris ?  «  C'est confusionnant au niveau sonore », explique Bertrand Belin alors qu'à côté, Miam Monster Miam se défoule sur la scène Proximus.  
 
 "Comment allez-vous? Vous y comprenez quelque chose? Ca colle un peu? "

Bertrand Belin fait face à un public extrêmement calme.  La pluie peut-être ? Dans ses chansons, il nous offre une sonorité pop, folk ou rock teintée de bruitages mystérieux.

 

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Monde étrange, un univers d'humour presque métaphysique : « Courage, allez, avançons, ce jour arrivera où nous arriverons. »
Un romantisme certain se dégage de ses chansons.  « Un soir, je t'aurai touché la main, tu n'en reviendras pas ! ».... Violon et contre-basse, apportent des sonorités intéressantes à l'ensemble. Dire que petit, il s'imaginait rester vivre à Quiberon et devenir pêcheur, comme ses  deux frères. La pêche du jour a pris dans ses filets, un poisson mystérieux, trop peu connu, mais bien intéressant ! »

 


Brune, 16h00 Scène Fnac
Le pluie a cessé. Brune se dévoile à nous pour sa première venue aux Francos. Née à Lyon, parisienne d'adaption, Brune se révèle être un jeune femme sensuelle. Musicienne, on la retrouve à la guitare et au piano, entourée de solides gaillards. C'est pourtant elle qui mène le groupe. Le répertoire oscille entre pop et balades, mélodies propres.
Son regard est vif, son attitude féline.  On retrouve dans ses paroles, les traits d'un jeune femme déterminée qui nous parle de la vie, des relations amoureuses, du temps qui passe. Brune écrit, compose, joue, chante et prend son pied sur scène. Ses sourires complices en disent long.


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Camelia Jordana 16h45 Scène Proximus
Pas encore 20 ans, toute frêle sur ses hauts talons, cette jeune femme née dans le Var a terminé troisième de la Nouvelle Star en 2009, nominée deux fois aux victoires de la musique 2011 (artiste révélation public et scène), ainsi qu'aux NRJ Music Award (révélation artiste française de l'année) et enfin au Globe de cristal. De belles reconnaissances déjà !

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Le succès a été rapidement au rendez-vous puisque son premier album a été vendu après un an à 150 000 exemplaires. Elle vient d'ailleurs de signer chez Sony Music en juin dernier.

 

Jordana ouvre son concert avec « Calamity Jane » (2010). Un saine vitalité, un voix qu'elle sait  faire vibrer avec des couleurs jazzy.

Jeune et en pleine découverte du métier, elle s'est entourée d'excellents musiciens.

Mention particulière pour les morceaux où elle est accompagnée du piano à queue ou du synthé à conssonnance électro.

Seule sur scène avec son batteur, tambourin à la main, elle assume comme une grande. Le public s'étend maintenant tout le long de la galerie.

Le répertoire anglais avec des reprises des Bangles ou de Brenda Lee succèdent au français.

 

Notre préférence va nettement celles chantées dans la langue de Voltaire.


Le regard vif, elle esquisse des sourires qui laissent apparaître toute sa jeunesse et sa fragilité.
« Non, non, non » (2010) met l'ambiance dans le Parc et tous de reprendre en coeur. Applaudissements nourris !

 

Louis Chedid 18h45 Scène Proximus
« Moteurs », l'action se déroule au Parc de 7 heures.... Ainsi soit-il !.... Comme précisé dans le script, 18h45, c'est l'heure précise à laquelle Louis Chedid monte sur scène.
L'homme à la moustache arbore un style classe et décontracté : veston noir, chemise ouverte qu'il porte hors du pantalon.
Souriant, décontracté, Louis Cedid reste une figure emblématique de la chanson française avec à son tableau plusieurs chansons qui font désormais partie de notre patrimoine musical. A la guitare acoustique, il interprète : «Tu peux compter sur moi » , « Egoman »,..


Sur scène, tel un père avec ses enfants, il mène sans fracas, bonhomme, et avec l'expérience qui le caractérise, son groupe de jeunes et talentueux musiciens.

C'est avec son fils Mathieu, plus connu sous le nom de « M. » six ans après  son dernier album solo qu'il a réalisé l'intégralité de son récent album : « On ne dit jamais assez aux gens qu'on aime, qu'on les aime ».

Un titre fleuve ? « Peu importe ! Casse-gueule à la manière  d'un titre d'Audiard », dira-t-il.

 


A l'électrique, « Nous sommes des clowns », qu'il fait répéter en boucle à des festivaliers toujours aussi sages ou « T'es pas au bout de tes peines, mon pote, pote, pote.... ».


Chedid surtout avec ses mains et est capable de faire répéter avec un grand sourire « Triste et malheureux comme la pierre » !

Applaudissements et drapeaux belges de circonstance  en ce 21 juillet, jour de fête nationale. Des mains levées lui font bonjour.

Il répond par un petit coucou à l'une, un petit baiser à l'autre.

 

Plus intimiste « Ainsi va la vie, ceux qui restent ont toujours raison », seul accompagné du piano, Chedid reste émouvant, mais surtout charmeur.

 

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«J'aime, tous les jours de la semaine, Du lundi au samedi, aucun problème, Le dimanche matin, Ce n'est qu'en début d'après-midi Que le temps s'alourdit ...J'ai le bues, le blues du dimanche soir ».


Au coeur de ses chansons, toute la palette de sensibilité d'un homme dont la famille a quitté l'Egypte fin des années 40 et dont la maman, la poétesse Andrée Chedid lui a transmis ses valeurs  artistiques, sa créativité, sa volonté d'indépendance et son désir de liberté. Un condensé de ce qu'il nous a donné ce soir, non ?
Un couple s'embrasse tendrement devant nous. Applaudissements !



Suarez 20h00, Scène Pierre Rapsat
En 2007, Marc Pinilla et les frères Njava avaient remporté « Le Carrefour des jeunes Talents ». Aujourd'hui tout le monde se les arrache s'exclame un Charles Gardier, très enthousiaste.

On connaît la pêche d'enfer, la rythmique débridée du groupe, l'énergie qui les anime. « Vu qu'on est là pour ouvrir le bal, je propose qu'on fasse un petit échauffement vocal », et les 9000 personnes de la place d'entonner : « La, la, la... »
« Je me dis aie, aie, aie », « On s'en fout ...je pense à nous demain, tes cheveux dans les miens
j'aimerais tellement pouvoir vivre d'amour et de tes mains, Comment pourrais-je un jour t'oublier?», « Porque te vas » les bras se balancent de gauche à droite.


Le très rock « Prends-moi ,... Elle m'a dit prend moi ». Les filles des premiers rangs se déchaînent,  deviennent carrément hystériques. La rythmique les déhanchent.
Un jeune gars qui est allé chercher quelques munitions au bar s'arrête devant moi « Je préfère Suarez, je suis venu pour lui ! » Comme quoi, les mecs aussi peuvent être envoutés par ces rythmiques, les deux batteurs se déchaînent maintenant. Ambiance !
« Vous êtes fous à Spa », lance Suarez ! Vivas !

« Prête-moi ta façon de vivre le monde, Est-ce que pour toi la Terre est bien ronde? Prête-moi cette manie de fuir ta montre, De ne pas t'en faire, de laisser faire, Juste le temps de voir, de savoir si ça vaut la peine » et le public seul « Hé, Hé Ho ! », du rythme toujours du rythme.

C'est avec son sourire charmeur qu'il interprète « La vie en rose ». Ensuite, place au premier tube du groupe « On attend que le monde change,... On attend que la vie nous range, On attend, on a tort ». Pourtant le monde continue de tourner tout seul, mais lui fait tourner les têtes, bouger les corps et réjouis les coeurs.

« J'aime ça, est-ce que j'aime ça ?  Oh, oh, oh, oh, oh, oh,...! ».
Surprise dès la fin du concert, toute l'équipe des Francos monte sur scène et explique qu'elle est très fière de remettre le disque d'or à Suarez ! Un bonheur que nous avons partagé avec le groupe, et dégusté sans la pluie !  

 

De Palmas 21h30 Scène Proximus

 

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Calogero, 21h30 Scène Pierre Rapsat
A la sortie, les avis sont mitigés. Certains aiment beaucoup, d'autres se disent un peu déçus. « C'est un concert à écouter dans son fauteuil», me dit une fan ! Décus ? Pas du tout, que du contraire !
Evidemment, ce style de concert en version symphonique est différent d'un concert acoustique comme celui que nous avions vu en mars dernier lors du Bel'Zik festival. Evidemment !
Nous lui avons même trouvé beaucoup de profondeur.

Retour au début du concert.
L'orchestre symphonique se met en place. On compte 52 musiciens classiques !
Costume classique, cravatte noire, chemise blanche, le maître reçoit sa guitare.
Le silence se fait sur les quelques permiers accords. La voix de Calogera résonne, magnifique : « On n'est riche que de ses amis », puis l'orchestre se met en route. Grandiose !
Ca chante partout autour de nous. Tonnerre d'applaudissements.

« Bonsoir Spa, bonsoir la Belgique » lance la chanteur !
« La fin de la fin du monde »,  ce soir le monde est sans fin, c'est ce que tous espèrent pour cette soirée. « Et bonne fête à vous tous ! »
Dans son contact avec le public, Calogero n'est pas avare en mots intéressants


 « J'ai fait 163 concerts en acoustique et ce soir,  en fanfare, on temine en symphonique,...

Notre dernier concert d'une tournée commencée il y a deux ans...

Pour l'année de mes 40 ans. »


 Petite info : L'anniversaire de Calogero tombe le 30 juillet.
« Toucher les cimes, prendre racine », par les textes et  la musqiue symphonique, l'écoute devient presque religieuse.

Puis « Nathan », « Je suis différent... c'est un tremblement dans mon coeur d'enfant, je m'appelle Nathan, je ris en pleurant.. ! » Quelques notes d'un instrument à vent viennent apporter un peu de légerté dans cette histoire , implacable, dure, triste comme la vie l'est parfois ! « Je suis prisonnier du ciel » Calogero est réellement touchant, on sent qu'il donne tout pour cet enfant et l'on comprend que Nathan, vit encore grâce à sa chanson ! Quel plus beau cadeau ?

Il nous parle ensuite d'une émission de Drucker où il a vu « Soeur Emmanuelle dans son habit de religieuse, avec les mêmes baskets que moi. Son mot préféré était YALLA. Un mot arabe. Cette femme disait des choses extraordinaires ».
« Elle m'emmène avec elle, je l'emmène avec moi, … tu trouveras le soleil dans le coeur des enfants »

Les morceaux défilent, le temps passe si vite « Tu n'as qu'à m'attraper »,....
Les cordes vibrent, les violons exhultent. Alors que le soir tombe, l'orchestre nous distille des saveurs sonores par petites ou grandes touches.

Puis, comme si l'on était dans un stade de foot, le public ne se tient plus et scande le nom de son idole, Calogero, repris par toute la place. Mais ce soir, l'esprit n'y est pas. Les touches symphoniques du concert sont plus propices à des jubilations toutes intérieues, soutenues par de belles envolées lyriques.

Calogero présente chacun de ses musiciens, un par un ! Il tente de se mettre dans l'ombre mais une poursuite le repère. Calogero change de place, se met dans l'ombre pour laisser l'orchestre seul dans la lumière goûter aux plaisir des applaudissements. Fait très symbolique, je vous l'accorde mais diablement représentatif de l'état d'esprit de cet homme !

 

Chroniques du festival par  Christophe Dechêne

 

Mise à jour le Vendredi, 22 Juillet 2011 12:40