Yolande Giet-Hoffmann. Eupen. Jusqu'au 28/01
Écrit par Albert Moxhet   
Vendredi, 10 Janvier 2014 14:41

Samedi Coup de cœur d’Albert Moxhet

Exprimer un ressenti profond et offrir au public l’occasion de le partager, c’est une des voies qui justifient le rôle de l’art dans la société. C’est aussi la démarche qui sous-tend l’exposition d’œuvres récentes de Yolande Giet-Hoffmann au siège de la Présidence de la Communauté Germanophone, à Eupen.

 
Graves, tragiques, déchirants parfois, ces tableaux sont aussi une libération intérieure pour l’artiste malmédienne. « De par mon travail en radiologie, je suis journellement confrontée à la souffrance humaine, dit-elle. L’art m’aide, d’une part, à assimiler cette souffrance et, d’autre part, à prendre du recul par rapport à la charge émotionnelle.» On comprend que quarante ans de son travail d’infirmière, ponctués par du bénévolat dans des dispensaires d’Extrême-Orient, aient profondément marqué la sensibilité et la perception humaine de Yolande Giet-Hoffmann.

 « Mais, dit-elle encore, quand je suis devant ma feuille, je ressens une incroyable liberté, il n’y a pas d’obstacles ni de limites à tout ce qui s’exprime alors par les pinceaux. C’est pour moi un vrai bonheur.» Le rôle à proprement parler cathartique de cette peinture n’isole cependant pas l’artiste, l’intérêt montré par le public présent au vernissage l’a bien montré.

Les œuvres exposées accrochent le regard et invitent à la réflexion. La liberté de leur facture, qui associe gouache, crayon, écoline et encre, correspond à celle de leur conception telle que la définit l’artiste. Le dessin vient en premier, quitte à ne subsister parfois que comme un schéma développé par le travail des autres techniques, qui donnent de l’ampleur à la composition . On y découvre des références, des allusions à la forme humaine, qui sont comme autant d’interprétations plastiques de la souffrance. Les plages d’encre noire se fendent ou s’écartent en laissant apparaître une figuration symbolique de la douleur qui va progressivement s’affirmer en présence humaine. Ce n’est pas sans raison que le titre général de cette exposition est Portrait. Et si chaque tableau est une œuvre en soi, il y a une dynamique de l’ensemble, non pas organisée strictement en séquences, mais infusée dans chaque œuvre et distillée par un travail pictural très énergique, perceptible dans le détail.           

Une telle exposition témoigne d’une grande maturité humaine autant qu’artistique. Yolande Giet-Hoffmann travaille dans la discrétion, ses quelques expositions précédentes avaient révélé un talent original en recherche. Nous avons ici manifestement un stade majeur d’une évolution qui, on le devine, a encore beaucoup à livrer.

 


 

[Yolande Giet-Hoffmann, Portrait, exposition ouverte jusqu’au 28 janvier, lu-ven : 8-17h, au Foyer Liège de la Présidence de la Communauté Germanophone, Gospertstrasse, 42, 4700 Eupen]

Mise à jour le Vendredi, 10 Janvier 2014 15:19