La migration des grues cendrées
Écrit par Christian Desart Guide nature   
Samedi, 20 Novembre 2010 11:00

La grue cendrée est le plus grand des oiseaux d’Europe avec ses 2 mètres d’envergure et un poids de 4 à 6 kg.

Son plumage est gris presque uniforme si ce n’est les adultes qui présentent un contraste noir et blanc sur la tête et le cou ainsi qu’une tache rouge sur le sommet de la tête. On estime la population européenne à 110.000 oiseaux.

L’arrivée de vagues de froid dans le nord en octobre (principalement en Suède et en Finlande où elles ont leur site de reproduction) les empêche d’accéder à leur nourriture constituée d’herbe tendre, de plantes aquatiques ou encore de baies. Elles se rassemblent alors par milliers sur l’île suédoise de Öland pour  commencer à migrer vers le côté sud de la mer Baltique sur l’île de Rügen.

C’est ainsi qu’on dénombre là-bas en octobre pas loin de 30.000 grues tandis que 15.000 autres attendent plus à l’intérieur de l’Allemagne. Les premiers départs s’effectuent vers la fin octobre et précèdent souvent de 2 à 3 semaines la vague principale de migration.

La migration se fait en deux couloirs. Une partie de la population de grue migre de la Finlande et la Suède à la Tunisie et l’Algérie en passant à l’est par la plaine Hongroise. L’autre partie qui nous intéresse passe par l’Allemagne, la Belgique, le Luxembourg et la France pour rejoindre l’Espagne. C’est ainsi que pas loin de la moitié de la population d’Europe des grues choisi ce couloir estimé à 200km de large pour passer au dessus de nos têtes.

 

 

 

Volant à une vitesse entre 40 et 70 km/h et à une altitude entre 200 et 400m suivant les conditions météo, on peut avoir la chance de voir ou d’entendre un vol migratoire en V de jour comme de nuit.

Cette année en ce début du mois de novembre, ce sont des milliers de grues qui ont été vues et entendues au dessus de nos régions et à la mi-novembrre encore de bon passage pour exemple le 17, pas moins de 3000 grues ont été vues dans nos régions à savoir Heusy, Thimister, La Reid, Jalhay, Spa, Membach et encore Theux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sur leur chemin de migration, il y a un endroit où les grues peuvent faire une halte pour reprendre quelques forces. Cet endroit, bien connu des ornithologues, est le lac du Der en Champagne.

Ce lac fait partie des 4 principaux sites de passage de grues en France lors de la migration. Il a d’ailleurs été classé comme réserve naturelle depuis 1974. C’est là que vont transiter suivant les années entre 30.000 et 70.000 grues. Le lac servant de bassin de retenue pour éviter les trop grandes crues est en partie vidé pour les mois d’hiver. Les grues y trouvent là la tranquillité et la sécurité nécessaire sur les nombreux ilots qu’offre le lac.

La région étant une région de culture comme le maïs, les grues y trouvent la nourriture à profusion. Elles se regroupent l’après midi et rejoignent le lac à la tombée du jour pour passer la nuit sur les îlots. Le matin, les milliers de grues quittent le lac pour se disperser dans les champs des alentours.

Si l’hiver est clément, une bonne partie des effectifs passeront l’hiver sur le lac mais si l’hiver est assez rude la majeure partie des grues quitteront la France pour aller jusqu’en Espagne dans le sud ouest du pays pour passer les mois d’hiver.

En ce mois de novembre, tous les records en nombre sont battu, on dénombre en ce moment (le 15 novembre) 74.500 grues en attente sur le lac.

L’an dernier à pareil époque on pouvais compter 52.000 grues. On pourrait attribuer ces chiffres à une éventuelle bonne reproduction cette année et également une migration plus condensée à l’aube des mois d’hiver.


 

 

Si vous avez l’occasion de passer par le lac du Der, le déplacement en vaut la peine, vous aurez un spectacle grandiose. Pour cela deux possibilités s’offrent à vous.

-        Le levé des grues à l’aube. Il faut arriver sur les bords du lac alors qu’il fait encore noir. Petit à petit les cris commencent à se faire entendre et à mesure que le jour se lève le ton monte de plus en plus fort. Quelques grues s’envolent comme pour partir en « éclaireurs » et quand le départ est donné, les milliers de grues s’envolent dans tous les sens dans un vacarme indescriptible.

-        Le coucher des grues. Fin de journée, lorsque le soleil commence à descendre vous allez sur les digues du lac. Le moment venu vous assisterez  au spectacle. Vous verrez un vol de grue arriver en formation en V puis un deuxième, un troisième en même temps. Sur peu de temps vous ne saurez plus où donner de la tête car il en viendra de tous les côtés. Vous aurez l’occasion de les voir atterrir en masse sur les ilots du lac. C’est un spectacle époustouflant auquel j’ai déjà assisté plusieurs fois  et dont je ne me lasse pas. Je garde toujours ces images dans ma tête de ces vol majestueux traversant le ciel avec un couché de soleil magnifique comme on peut voir dans les documentaires de safari à la télé.

Christian Desart, guide nature

Mise à jour le Lundi, 22 Novembre 2010 19:18