The tree of life
Écrit par Jean Wiertz   
Mercredi, 15 Juin 2011 19:51
 

Un film de Terrence Malick ( USA 2011)

Une famille au Texas reçoit un courrier, qui annonce le décès d’un de leur fils. Le couple est effondré et les proches essaient de réconforter la maman (Jessica Chastain) : la douleur s’estompera avec le temps et elle doit s’occuper des 2 enfants qui lui restent.

Années 2000 : Jack, la cinquantaine (Sean Penn), erre dans une ville moderne, comme une ombre en colère. Il se souvient de ce qu’a été sa vie. Le film évoque alors sa naissance, mais aussi la naissance de l’univers. A ses premiers pas succèdent  bientôt une deuxième, puis une troisième naissance ; trois garçons que nous allons retrouver lorsque Jack à 12 ans. 

 

Les trois enfants subissent les brimades de leur père (Brad Pitt), un individu ignoble dévoré par l’ambition, qui veut les élever à la dure, pour qu’ils réussissent dans  la vie. La violence que son père exerce sur lui, Jack va la retourner contre les animaux du jardin, mais surtout contre son jeune frère, un enfant effacé et soumis…

 

Ces thèmes (la rivalité entre deux fils, la chute du père, les références bibliques …) ont déjà été brillamment abordés dans « Le Retour » (Andrei Zviaguintsev Russie 2004). L’approche de Malick est néanmoins plus concrète, le récit reprenant une série d’éléments autobiographiques (le frère du cinéaste s’est suicidé à l’age de 18 ans).#« The Tree of Life » traite d’un grand chagrin, celui éprouvé devant le gâchis de toute une vie : alors que cette famille avait les clefs du bonheur en mains, l’obsession du père pour la réussite, la mort du jeune frère ont endurci le cœur de Jack, qui à douze ans à peine dit à son père : »Je suis aussi mauvais que toi ».

 

Comment se réconcilier avec ceux qui ne sont plus là ? Comment briser le cercle des recommencements éternels des blessures que nous nous infligeons ? Pour Terrence Malick, ce chemin passe nécessairement par la foi et l’espérance que tout ne se termine pas avec la mort.

 

 

Le déroulement de l’action à laquelle nous assistons est constamment élargi à une altérité extérieure : les mouvements incessants de la caméra, les constantes modifications du cadre suggèrent une présence invisible ; de nombreux inserts de plans sur la nature environnante nous rappellent les autres strates de la vie ; l’infiniment petit rejoint l’infiniment grand, lorsque le réalisateur évoque la naissance de l’univers.

La plus célèbre évocation de l’histoire de l’univers au cinéma est  celle de « 2001 Odyssée de l’Espace » (Stanley Kubrick USA 1968) . Aux magnifiques images abstraites de Kubrick, montrées à travers le voyage mental d’un cosmonaute agonisant, Malick a préféré des images concrètes qui lui permettent de célébrer la beauté de l’univers (mais la célèbrera-t-on jamais assez ?) ; et il va au bout de son idée en nous montrant un dinosaure prenant sous sa protection une autre créature plus petite.

Terrence Malick nous fait vivre pendant 2h30 le chemin qui mène de la colère à l’acquiescement, de la réussite individuelle à la foi réconciliatrice, au travers d’images et de symboles qui hantent la psyché humaine depuis la nuit des temps.

 Le film a obtenu la Palme d’Or au dernier festival de Cannes

 

Mise à jour le Jeudi, 16 Juin 2011 05:39