Les chevaux du vent
Écrit par Best of Verviers   
Dimanche, 12 Octobre 2008 08:52

« Nous sommes trop pauvres pour vivre aussi nombreux sur cette ferme. Tu le sais bien papa. Pourquoi refuser la tradition ? Toutes les familles offrent un ou plusieurs fils à Bouddha ? »

Dans les hautes vallées du Gange dans l’Himalaya indien de 1850, Caly, un père de trois fils, choisit d’envoyer Kazi, son plus jeune fils sourd-muet, une fois de plus victime de jeux cruels d’enfants du village. C’est désepéré que Calay confie ce qu’il a de plus cher, son enfant gragile et très farouche aux mains d’un homme aguerris à la piste qui mène vers le Mustang. But du voyage, le monastère retrouver son frère.

 

« Mon frère Patchen est parti pour le monastère  de Garphu à l’âge de six ans…Et mes parents ont encore vécu plus de trente ans sans jamais le revoir »

La souffrance des parents commence. Intérieure pour la maman et tourmentée pour le père.

Si l’histoire nous projette 15 ans plus tard, c’est pour retrouver le poids des traditions qui veut que lorsqu’une fille épouse l’aîné, elle épouse aussi le frère.

Comme le veut également la coutume, les parents laissent la ferme au fils et prendront place dans l’ancien poulailler.

Aux tourments du père s’ajoutent ceux de voir ses deux fils vivant en rival auprès de la même épouse. L’aîné qui a choisi sa femme souffre de voir sa femme amoureuse de son frère.

Le tourment du père l’empêche de dormir. Sa vie est devenu un déchirement. Son second fils doit quitter la famille pour préserver un équilibre du couple formé de son frère et de sa femme.

Ce drame intemporel de parents déchirés par événements douloureux touchant leurs enfants amène le père à prendre la route pour retrouver son plus jeune fils, parti depuis trop longtemps dans un monastère du Mustang. Seul moyen, s’engager sous bannière anglaise comme « Pundit » pour aller cartographier en secret les royaumes fermés de l’Himalaya même si l’idée de servir les colonisateurs anglais lui était insupportable.

Les chevaux du vent, ce sont ces drapeaux multicolores reliés par un même fil qui ondulent sous la brise, claquent sous la tempête, se délavent sous le soleil et la mousson, se déchirent sous la marche du temps, mais ne cesse d’illuminer les esprit. Lax et Fournier se demandent dans cette histoire en deux tomes si la vie des êtres humains n’est pas à l’image de ces morceaux d’étoffes ?

Son histoire « L’aigle sans orteil » m’avait déjà subjugué. Ici, Lax, ce grand voyageur et découvreur des douleurs de l’âme et de la force intérieure de chacun, nous offre encore une histoire qui nous plonge au cœur de notre fragilité d’Homme, avec force et sensibilité. Les grands espaces sont pour lui éveilleurs de ce qui est essentiel dans la vie : l’amour. Que ses histoires se passent dans les Pyrénées ou au Népal, ses scénarios laissent découvrir la fragilité et le courage d’hommes et des femmes au caractère exceptionnel.

Quant à Jean-Claude fournier, ce dessinateur-aquarelliste breton qui d’abord épaulé par Franquin signe 8 albums de Spirou jusqu’en 1981 nous offre un album de toute beauté avec tout le ressenti des jeux de lumières, du vent qui frappe, des paysages qui nous transportent. Ce qui frappe, ce sont les personnages qui habitent l’histoire. Ils sont tellement vivants et proches de nous que chacun sait lire ce qui est invisible pour les yeux.

Les chevaux du vent par Fournier et Lax chez Dupuis collection Aire Libre

Sortie début Octobre 2008 64 pages. Prix 14 euros.