Saroléa type 22 de 1921
Écrit par Michel Mohring   
Samedi, 07 Janvier 2012 11:31

Cette moto est vraiment caractéristique de la période qui a suivi la guerre 14-18.En effet, à partir de ce moment tout va aller très vite dans l’évolution du monde de la moto.

Vers 1925 tout sur une moto aura radicalement changé.

Jusque là, la moto n’est qu’une espèce de vélo sur le quel les constructeurs ont adapté un moteur et un réservoir à essence suspendu au cadre . 

Cadre renforçé,souvent dédoublé dans sa partie supérieure pour la rigidité de l’ensemble. Cette conception à valu à ces motos de porter l’appellation de « entre-tubes ». Vous apercevez sur la photo de l’épave que je vous présente le réservoir glissé «  entre les tubes » de cadre. Après cette période, la moto devient elle-même et reconnue comme telle. L’esthétique est celui que nous connaissons encore aujourd’hui.

 

L’épave de cette Saroléa est pour ainsi dire complète et j’estime que je suis capable de la restaurer en y mettant le temps et les petites pièces qui me manquent ne sont pas introuvables à mes yeux. Faire revivre un tel engin est un défit passionnant. Un an est nécessaire pour la remettre sur ses roues et la réentendre ronronner sur nos routes.

E n court de restauration, je suis surpris par le système de freinage choisis par le constructeur. Le frein avant est exactement celui d’un vélo,c'est-à-dire 2blocs qui agissent sur la jante par l’intermédiaire d’une tringle. Je ne suis pas sur de son efficacité sur une moto capable de rouler à 80 km/h . Le frein arrière quant à lui n’est autre qu’un sabot de bois qui agit sur la poulie de la courroie de transmission (l’usage de la chaine n’existe pas encore). Ce système de frein donne le frisson rien que d’imaginer devoir freiner un jour pour de vrai. Et pourtant cette situation s’est présentée lors d’un rallye en redescendant de Limbourg vers Dolhain . Tourner à droite au pied de la côte pour repartir vers Goé m’a donné un teint verdâtre le temps de la descente par crainte de ne pouvoir tourner. Bref rouler sur un ancêtre du début du siècle n’a jamais été ce que j’apprécie le plus,tant il faut être vigilant et attentif à tout moment. Il faut savoir aussi que, en ce temps là, pour obtenir un peu de puissance dans un moteur la seule solution c’est la cylindrée. Cette Saroléa est équipée d’un moteur de 550ccm qui ne délivre que 4cv , c’est à dire moins qu’un vélomoteur actuel. Difficile d’imaginer devoir faire un arrêt d’urgence avec un engin muni d’un gros moteur.

Pour rester fidèle à l’époque, la restauration demande beaucoup de recherches et de documentations, le phare en est un exemple. Nous sommes toujours au temps des phares à carbure et en retrouver demande une recherche assidue, mais parfois récompensée. La chance est à mes cotés. Dans un petit magasin de la rue de Hodimont, 3 phares à carbure m’attende dans leur emballage d’origine depuis plus de 60ans dans un état exceptionnel comme si on venait de les y déposer. Véridique. Les pneus par contre viennent d’Angleterre . Pays au combien conservateur qui refabrique des pneus modernes dans les moules d’époque. Sécurité oblige. Merci les anglais.

 


 

Autre anecdote. A ma première sortie, un monsieur admiratif de ma Saroléa 1921 me dit posséder un moteur semblable. Ce moteur traine dans sa cave et me l’offre gentiment. Je ne sais comment le remercier. C’est un bien précieux pour un collectionneur,non pour sa valeur, mais pour la pièce de rechange souvent indispensable..

Je n’ai pas gardé longtemps cette très belle Saroléa elle me faisait peur. Sa conduite était trop difficile dans notre région vallonnée. Un passionné de Saroléa habitant Ostende me l’a achetée pour participer aux manifestations organisées dans le plat pays. C’est mieux comme ça.


Mise à jour le Samedi, 07 Janvier 2012 11:55